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(2000)  
 
 

Introduction

 

 

Les Etats-Unis sont un pays qui a une histoire très récente. "Le nouveau monde" est en pleine recherche de son identité face au vieux continent. Le cinéma arrive au vingtième siècle comme une bénédiction. Il va leur permettre de se faire cette identité naissante. Les cinéastes américains vont travailler à cette quête de la personnalité de ce pays fondé sur un génocide. Il faudra justifier cette conquête, faire accepter l'inacceptable. Dans ce pays où tout est là pour faire rêver, la meilleure manière de narrer cette histoire est bien le conte fées.

J'ai choisi de traiter le film Dead Man de Jim Jarmusch parce que c'est un cinéaste américain qui parle aussi de ce pays qui se cherche. Dead Man est conçu comme un conte de fées. Ce nouveau conte est bien plus qu'un simple conte qui fait rêver, il fait un constat de ce que sont les Etats-Unis aujourd'hui. Il a une démarche contraire aux cinéastes des Majors. Il ne nous donne pas du rêve, mais fait plutôt un mea culpa de toute la société américaine.

Dans Dead Man, Jarmusch se sert de Bill Blake, non pas pour traiter la psychologie d'un personnage, mais bien pour parler de la violence aux Etats Unis. "La violence n'est pas propagée de la musique rap ou du cinéma", nous dit Jim Jarmusch, "Ils y sont liés. L'Amérique est un pays qui s'est bâti sur la violence et sur un génocide. Combien d'indiens ont été tués en Amérique du Nord ? Je crois qu'il y a eu vingt-cinq millions de victimes. Voilà c'est ça l'Amérique. C'est cette violence" .

"Les contes de fées ont pour caractéristique de poser des problèmes existentiels en termes brefs et précis. […] Le conte de fées simplifie toutes les situations. Ses personnages sont nettement dessinés ." Le conte de fées est une forme mythologique qui a une particularité pédagogique. Or Jarmusch dans Dead Man nous fait un bilan de la société américaine à la fin du vingtième siècle. Comme s'il voulait nous réapprendre à voir dans sa globalité où en était arrivée cette nation tant adulée.

Ce bilan il le traite à plusieurs niveau de mythologies sociales. Le film a une constante narrative qui est celle du conte de fées, mais il continue en utilisant différents types de traditions. Nous retrouvons les mythes sociaux chers aux américains comme le capitalisme et aussi les différents fléaux de cette première puissance mondiale et l'histoire des Etats-Unis, donc les Indiens. Cette référence nous amène tous les clichés sur les "peaux rouges". Mais Jarmusch ne s'arrette pas aux américains et remonte beaucoup plus loin dans les mythologies. Il fait des références aux tragédies d'Homère, et plus loin encore, à la bible.

Jim Jarmusch se sert de différentes formes mythiques comme le conte de fées, le mythe de la bible, les mythes sociaux, les mythes antiques. La trame de son scénario tient sur la structure du conte de fées, mais il fait référence par des phrases du dialogue à ces différentes autres formes mythiques.

Le voyage initiatique dans les films américains comme dans les contes de fées est un thème récurent sans doute hérité de leur histoire de conquérants. Dead man est justement ce film qui fait parle de cette histoire, dans sa composition comme dans le récit, et il narre la fin de la vie d'un homme qui fuit pour mourir.

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Cahiers du cinéma

Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim.


 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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